Notre équipe a conceptualisé un système de repérage (wayfinding) numérique et physique pour les souterrains de l'Université Laval, à Québec, qui sont considérés par plusieurs étudiants et membres du personnel comme étant inconfortables et labyrinthiques.
Zacharie Routhier, El Mahdi Namir et Sirine Chaouechi
Recherche, cadrage, conception
Projet a été réalisé dans le cadre de la maîtrise en design d'interaction de l'Université Laval à la session d'automne 2024
Le campus de l’Université Laval est traversé par un vaste réseau de tunnels souterrains totalisant 2,7 km. Ces souterrains sont appréciés des étudiants – surtout l'hiver –, mais sont également difficiles à naviguer.
Leur architecture complexe, le manque de repères visuels, une signalisation peu efficace et l’absence de réseau cellulaire contribuent à un sentiment de désorientation, voire d’anxiété, chez plusieurs utilisateurs
Comment peut-on améliorer l’orientation dans ces souterrains en s’appuyant sur les principes de wayfinding, la psychologie du stress et la signalétique ?
Notre équipe a conceptualisé un système de repérage numérique et physique en quatre semaines.
Nous avons adopté une approche de design centré utilisateur combinant :
Revue de littérature sur le wayfinding, la signalétique, la mémoire spatiale et le stress
Observations de terrain dans les tunnels, en notant les points de friction (absence de repères, intersections mal indiquées, etc.)
Entrevues avec des utilisateurs sur place
Difficulté d'orientation
Les étudiants et les membres du personnel ont de la difficulté à trouver leur chemin dans les souterrains de l'Université Laval. Cela est lié à plusieurs facteurs, comme le fait qu'un environnement souterrain ne permet pas d'avoir une vision d'ensemble sur le trajet à parcourir.
Un employé en voiturette nous a montré qu'il utilisait encore une carte faite à la main pour naviguer dans les souterrains.
Signalétique complexe
Les affiches de signalétique sont complexes, et parfois difficiles à repérer.
Sentiment d'insécurité
Les souterrains de l'Université Laval sont considérés par plusieurs étudiants comme un endroit glauque, isolé et oppressant, ce qui contribue à un sentiment d'insécurité.
Il n'y a pas de réseau cellulaire dans les souterrains de l'Université Laval. On retrouve des téléphones pour rejoindre les agents de sécurité en cas de besoin. Nous avons testé un téléphone «Info-campus», qui est supposé nous mettre en lien avec le personnel de l'Université, mais personne ne nous a répondu.
Une citation d'une étudiante dans un article publié sur URBANIA en 2022 appuie ce constat :
«Les téléphones rouges sont là pour nous rassurer, pour qu’on appelle s’il y a quelque chose, mais qui répond au bout?».
Les plus récentes données internes sur le sentiment d'insécurité dans les souterrains de l'Université Laval (2008) révèlent que 42% des étudiantes ne se sentent pas en sécurité dans les souterrains de l'Université Laval après 18h (n=2700).
Nouveau plan
Nous avons réalisé des ébauches d'un nouveau plan des souterrains inspiré des métros de Montréal et de New-York. La création de grands axes colorés permettent de différencier les routes principales que les étudiants peuvent emprunter, ce qui facilite l'orientation.
Intervention physique
Nous avons proposé de tracer les axes de couleurs du plan sur le sol et les murs des souterrains, et d'inclure le temps de déplacement dans les endroits les plus étouffants et anxiogènes.
Borne interactive
Nous avons proposé l'installation de trois bornes interactives dans les endroits les plus passants des souterrains. Celles-ci permettent de planifier son chemin de la même manière que l'on pourrait utiliser une borne dans un centre d'achat. Elles permettent également de contacter la sécurité au besoin.
Panneaux signalétiques
Nos panneaux signalétiques s'inspirent des panneaux signalétiques existants. Toutefois, ils incluent notre proposition d'axes de couleur ainsi que des estimations du temps de déplacement.
Nos pistes de solutions doivent maintenant être évaluées par des tests utilisateurs comportementaux. Les interfaces de la borne interactive et les interventions physiques devront par la suite être peaufinés.